À la fin de la Seconde guerre mondiale, la Birmanie accède à l'indépendance, et connaît par la suite plusieurs dictatures militaires successives. En 2011, la junte militaire lance un processus de transition politique et économique, et les élections législatives de 2015 sont largement remportées par le parti de la Ligue Nationale pour la Démocratie (parti d'Aung San Suu Kyi).
La population du pays est composée de 135 ethnies. Depuis l'indépendance, des conflits opposent le pouvoir central à différentes ethnies dites minoritaires (mais qui représentent 35% de la population). Le changement de régime et le processus de paix n'ont pas mis fin aux affrontements, qui se poursuivent dans la quasi-totalité des régions frontalières.
Cette situation focalise l'attention du gouvernement central et de la communauté internationale (et par conséquent les financements). Elle force les familles fuyant les conflits à se réfugier dans des régions qui font déjà face à de très grandes difficultés.
La Birmanie présente l'un des plus faibles indices de développement humain (148ème sur 189*), sa population manque d'accès aux services et droits essentiels (nourriture, éducation, santé…) et est régulièrement soumise aux aléas climatiques et aux très fréquentes catastrophes naturelles.
Triangle Génération Humanitaire (TGH) a ouvert sa première mission en décembre 2007, sur des actions d'aide d'urgence et de développement. En 2008, le cyclone Nargis a gravement touché le sud-ouest du pays (le Delta), et l'équipe de TGH a participé à la réponse d'urgence et de post-urgence dans cette région, puis à Rangoun (programmes d'appui à des structures d'accueil de personnes handicapées).
Depuis 2012, TGH a concentré ses interventions dans la région de Matupi, (sud de l'État du Chin), zone montagneuse et difficilement accessible de l'ouest du pays. Dans cette région, les ménages utilisent l'essentiel de leurs revenus à l'achat des denrées de base, et leur régime alimentaire est principalement constitué de riz. Le déficit local de production et de diversification agricoles s'est aggravé lors du passage du cyclone Komen (août 2015), qui a détruit la majorité des infrastructures d'irrigation et contraint un grand nombre de paysans à abandonner la culture de leurs parcelles vivrières. TGH améliore les conditions de vie, la résilience et les moyens d'existence des populations rurales isolées, et encourage l'utilisation durable et la protection des ressources naturelles de la région. En 2018, l'équipe est passée de 14 à 20 personnes, mettant en œuvre des projets sur 33 villages du canton de Matupi.
Ces projets mettent en place des structures modulaires en gabion pour réduire les risques de catastrophe, et des clôtures pour protéger durablement les surfaces cultivées. Il offre également un accès nouveau à la mécanisation pour les producteurs (motoculteurs, pompes d'irrigation…). Pour diversifier la production agricole locale et augmenter les revenus des paysans, d'autres actions amélioreront les cultures de rente (Konjac principalement) et le maraîchage de contre-saison (formations, parcelles de démonstration, équipements et matériel). Par ailleurs, le développement actuel de la région entraîne une pression croissante sur les ressources naturelles (bois de construction et de chauffe, pierres et sable pour la construction, chasse et pêche, eau à usage domestique et pour l'irrigation, terres arables…), dont l'exploitation incontrôlée se fait souvent au détriment des communautés. Des actions de sensibilisation et de formation impliquent la population - mais également les autorités locales - dans des processus de gestion pérenne et de protection des ressources.
Depuis janvier 2019, TGH élargit sa zone d’intervention au canton de Paletwa, État du Chin, dont la population est particulièrement impactée par les récents affrontements entre l'armée du Myanmar (Tatmadaw) et l'armée d’Arakan. En effet, lors du dernier trimestre 2018, la recrudescence des affrontements a provoqué de nombreux morts, blessés, et mouvements de population vers la région qui souffre déjà de conditions climatiques extrêmes, d'un manque d'opportunités et de services, et qui est régulièrement victime de catastrophes naturelles. TGH a élaboré deux projets pour apporter une réponse d'urgence aux déplacés internes et aux communautés hôtes dans 6 villages du canton de Paletwa. Une approche multisectorielle répond aux besoins les plus urgents d'éducation, de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé, de protection, et d'abris et de matériel de première nécessité des populations déplacées, tout en allégeant la pression pour les communautés hôtes.
Pour la réalisation de ses activités, TGH a développé plusieurs partenariats dans le pays. Partenaire historique, Ar Yone Oo (AYO) est une ONG locale spécialisée dans les domaines du développement rural, de la gestion des ressources naturelles, de l'accès à l'eau potable et de l'assainissement. Autre partenaire emblématique, le Groupe de Recherche et d'Échanges Technologiques (GRET) est ONG internationale de développement qui agit pour lutter contre la pauvreté et les inégalités en apportant des réponses durables et innovantes pour le développement solidaire. Par ailleurs, un partenariat supplémentaire a été récemment mis en place dans la réponse d’urgence à Paletwa avec Raiki, Fondation pour le développement communautaire, une organisation de la société civile qui met en place les activités sur le terrain.
* UNDP, Indices et indicateurs de développement humain, mise à jour statistique, 2018.