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SUDAN

Towards an increased contribution of local markets
for a more secure food situation

AREA OF EXPERTISE

Food security and livelihood

Food security and livelihood

FUNDING

MAE
Logo UNHCR
FAO

BENEFICIARIES

93,000
people

FROM 01/2013 TO 04/2014

16
months

BUDGET

690,000
euros

However, many households remain in a precarious food situation and still need to be supported. Besides, the overall reduction of assistance provided to the populations in Darfur, especially the reduced support of the World Food Programme, implies maintaining well-targeted assistance. Our action anticipates further reduction in aid, and endorses the beginning of a sort of “normalization” of the situation of people, who, although they have been displaced, were able to restore access to land and to income generating activities. It will allow the provision of inputs through the organizing of fairs during which beneficiary families can exchange the vouchers they have received against tools and seeds from local suppliers. In addition to boosting various productions, the expected impact is to increase the cash capacity of local merchants, thus allowing a better supply of markets, and moderating the inflation affecting foodstuffs during the rainy season. Trade links are also expected to be developed, to allow in fine a sustainable increase in agricultural land and production, in full independence of foreign aid.

In addition to basic food production, our action also plans to support various alternative food productions, such as beekeeping and poultry farming.

Contexte général

Plusieurs années après son début, la crise du Darfour demeure aujourd'hui irrésolue, et une solution rapide et définitive n'apparait pas aujourd'hui comme une perspective crédible. Les accords de Doha signés en juillet 2011 ont échoué à emporter l'adhésion des principaux groupes politico-militaires en présence – désormais regroupés sous l'acronyme SRF (Sudan Revolutionary Front), et n'ont été paraphés à ce jour que par un groupe relativement marginal. L'autorité régionale du Darfour (DRA) tarde à être pleinement opérationnelle, et souffre de ce fait d'un manque de légitimité auprès des parties en présence.
Si l'échelle et l'intensité des violences et leurs conséquences humanitaires sont loin d'avoir l'ampleur qu'elle ont connu en 2003-2004, des affrontements réguliers entre les factions non-signataires des accords de Doha et les forces armées soudanaises demeurent observés, et semblent même s'être accrus depuis le début de l'année 2012. Des affrontements interethniques (entre tribus arabes) sont eux aussi à déplorer. Par ailleurs, La détérioration générale du contexte socio-économique soudanais qui a suivi l'indépendance du Sud-Soudan et la perte de revenus qu'elle a engendrée, combinée au regain de tensions politiques liées à de nouvelles zones de conflit (Sud Kordofan et Nil Bleu), ne favorise ni la capacité des populations du Darfour à restaurer leurs mécanismes de vie, ni celle des parties en présence à œuvrer de manière apaisée pour une solution acceptée de tous.
Ce contexte ne parait pas favorable à un retour rapide et massif des personnes déplacées internes (PDI) sur leurs lieux de vie d'origine. D'après les derniers chiffres fournis par UNOCHA, ce sont aujourd'hui toujours près de 1,7 million de personnes qui vivraient dans les rassemblements de déplacés, qu'il s'agisse de camps stricto sensu ou de villages préexistants où les déplacés avaient trouvé refuge. Durant les deux dernières années, moins de 10% des PDI (ou environ 165 000 personnes) seraient retournées chez eux, et la persistance d'affrontements localisés a par ailleurs engendré de nouvelles vagues de déplacements. Si les besoins humanitaires n'ont plus l'acuité qu'ils avaient durant les premières années de la crise, les populations demeurent fragiles et vulnérables aux chocs externes, à défaut d'avoir suffisamment recouvré leurs capacités de résilience.

Pourtant, en dépit de ce constat peu optimiste, il serait inexact de dire que la situation qui prévaut aujourd'hui au Darfour n'appelle pas des ajustements de l'approche jusqu'ici adoptée par les acteurs de l'aide. Du point de vue politique d'abord, si les accords de Doha n'ont pas suscité l'adhésion souhaitée, ils ont le mérite d'exister et d'offrir un potentiel modèle de sortie de crise qui jusqu'ici manquait, et qui matérialise une approche nouvelle de la communauté internationale dont les parties non-signataires des accords peuvent aussi attendre un soutien moins inconditionnel et par là un encouragement à adopter des positions plus ouvertes. Sur le plan humanitaire, plusieurs années d'aide ont permis à beaucoup de familles de recouvrer un niveau de vie comparable à leur niveau de vie antérieur, quant par ailleurs le phénomène de déplacement peut certainement dans beaucoup de cas être désormais requalifié en phénomène de migration.

Ainsi, si la situation qui prévaut au Darfour, au regard d'un contexte encore instable et fragile, ne saurait être considérée comme relevant du seul développement, elle ne relève plus non plus de l'urgence humanitaire et appelle plus volontiers des activités de « relèvement précoce », favorisant tout à la fois la prise en compte des besoins immédiats des plus vulnérables et la restauration des capacités de résilience des communautés.

Analyse des besoins

Une autosuffisance alimentaire partiellement recouvrée

Plusieurs années successives de soutien à la production alimentaire, combinées à la relative stabilisation des populations – fussent-elles déplacées, ont permis qu'aujourd'hui un nombre très significatif de familles se trouvent en situation d'autosuffisance alimentaire théorique. Les chiffres de la production céréalière dans les zones ciblées1, une fois convertis en équivalent par personne et par jour selon les recommandations du PAM (ou 400 grammes de céréales par jour et capita) montrent à cet égard que plus de 42% des fermiers ont produit suffisamment de grains pour couvrir les besoins de leur famille.

Graphique1

Bien entendu, ce constat est à nuancer. D'une part, celles des familles n'ayant pas produit l'équivalent d'un minimum de 12 mois de consommation domestique ne doivent pas pour autant être mécaniquement considérées comme en situation d'insécurité alimentaire, dans la mesure où elles peuvent avoir recouru à des activités et productions complémentaires non prises en compte ici. Par ailleurs et à l'inverse, le chiffre de 42% ne reflète pas les disparités selon la zone considérée : il n'est plus que de 35% si l'on prend en compte la seule région de Geneina.

Graphique2

En dépit de ces nuances, les chiffres issus des enquêtes quant à la production de cette année valident à-postériori, s'il était besoin, la pertinence du soutien apporté jusqu'ici aux fermiers vers la progressive restauration de leurs moyens de production. Ils montrent par ailleurs que la contribution spécifique de l'aide extérieure à l'autosuffisance alimentaire reste significative, puisqu'elle représente cette année encore un minimum de deux mois de consommation familiale pour plus de 32% des familles :

Graphique3

Ici encore, cet indicateur se décline différemment selon la zone considérée, puisqu'il atteint 39,6% à Bindizi, mais seulement 10,2% dans le cas de Geneina :

Graphique4

S'il y a là un premier indice de la nécessité d'une aide désormais plus ciblée, cet indicateur montre le caractère tangible de l'impact des activités de soutien agricole sur la sécurité almentaire dans les zones cibles. Néanmoins, les mêmes chiffres mettent aussi en évidence la fragilité d'un grand nombre de ménages – 57% - dont la production demeure insuffisante pour couvrir les besoins alimentaires familiaux. Aujourd'hui soutenus par le PAM pour un bon nombre d'entre eux, l'annonce de la fin de l'aide alimentaire directe induit le besoin d'un soutien spécifique à ces fermiers.

Des capacités de résilience encore fragiles

La production alimentaire au Darfour, réalisée pour l'essentiel en saison pluviale, est encore très dépendante de facteurs non maîtrisables, au premier rang desquels la pluviométrie. Celle-ci, exceptionnellement bonne cette année, contribue à expliquer des résultats positifs qu'une saison plus pauvre en précipitations pourrait remettre en cause.

Graphique5

Par ailleurs, l'analyse des données montre que la disponibilité alimentaire telle qu'évoquée plus haut demeure théorique, et qu'elle doit être pondérée par l'utilisation qui est faite des denrées produites : une partie est destinée aux semis de la saison à venir (jusqu'à 40% des semences plantées proviennent des réserves des fermiers), mais surtout vendue dès après les récoltes pour couvrir différents besoins, en particulier alimentaires :

Graphique6 Graphique7

Ainsi, la sécurité alimentaire demeure fragile même lorsqu'elle est théoriquement acquise, tant dû aux aléas auxquels sont soumises les productions, qu'en raison des tensions qui s'exercent sur celles-ci au moment des récoltes (nécessité de vente pour répondre aux besoins en numéraire) ou lorsqu'elles sont stockées (besoins en semis pour l'annèe à venir).

Cette relative fragilité de la situation des ménages est aujourd'hui à peine mitigée par les marchés locaux (en particulier les plus isolés), eux-mêmes exposés à des facteurs externes qui en appauvrissent l'accès pour les ménages comme l'accessibilité des produits, en particulier durant la saison des pluies (c'est-à-dire durant la période de soudure alimentaire), où les denrées sont rares et chères. Cette pauvre capacité des marchés à offrir aux ménages des solutions alternatives durant la période de soudure vont par ailleurs elles-mêmes se trouver appauvries par l'arrêt des distributions alimentaires du PAM, dont nombre de denrées étaient revendues par les bénéficiaires cherchant une réponse mieux ajustée à leurs besoins spécifiques, alimentant et soutenant ainsi les marchés locaux.
Ainsi, les acquis des productions agricoles de ces dernières années sont-ils encore insuffisants pour considérer la que la sécurité alimentaire est désormais durablement installée pour une grande part des ménages, qui demeurent exposés à d'importantes contraintes structurelles. En tenant compte du recours à la vente d'une partie des productions pour couvrir les besoins en numéraire, mais également eu égard à la persistance de chocs ponctuels fragilisant encore la sécurité alimentaire des familles, on considérera ici que seules les familles ayant produit l'équivalent d'au minimum 15 mois de leur consommation, soit 31,7% de la population considérée (28,5% à Bindizi, 24% à Geneina et 42% à Um Dukhun) ont acquis des capacités de résilience suffisante.

Persistance de facteurs externes défavorables

Comme évoqué plus haut, outre les phénomènes récurrents qui fragilisent la sécurité alimentaire des ménages (aléas climatiques, pauvreté des marchés et inflation saisonnière), les populations demeurent exposées à différents facteurs externes qui ne peuvent être anticipés. Il en va ainsi des phénomènes climatiques exceptionnels tels les crues, qui chaque année affectent les cultures d'un nombre variable de fermiers.
Plus récemment, la crise économique qui a frappé le Soudan et sa monnaie ont entraîné une importante inflation générale – d'environ 35% sur une base annuelle pour ce qui concerne la région ciblée, d'après le Central Bureau of Statistics dont on devine aisément la propension à en sous-estimer l'ampleur. Cette hausse des prix n'a bien entendu pas épargné les produits alimentaires, qui restent le premier poste de dépenses des ménages, comme le démontrent les quelques exemples ci-dessous:

graphique8 graphique9

graphique10 graphique11

Ces exemples, choisis pour leur représentativité (le mil constituant l'un des aliments de base, le sucre et l'huile étant des denrées complémentaires essentielles dans l'alimentation soudanaise, la viande étant l'un des ingrédients enrichissant le régime de base), font apparaître localement quelques nuances essentiellement liées au rythme des approvisionnements des marchés. Surtout, ils démontrent d'une part le caractère récurrent de l'augmentation saisonnière (saison des pluies) des prix, et d'autre part l'impact de l'inflation liée à la crise économique sur les prix des denrées alimentaires. En effet, si les prix repartent à la baisse dès la fin de celle-ci, on observe qu'ils ne retrouvent pas le niveau qu'ils avaient avant la dévaluation de la monnaie soudanaise, et entament de se stabiliser à des niveaux très supérieurs – de 25 à 100% selon les zones et produits considérés.

Ce phénomène trouve une traduction immédiate dans l'évolution du budget des ménages consacré aux dépenses alimentaires :

Graphique12

Le graphique ci-dessus, qui montre par ailleurs l'influence qu'ont les distributions du PAM sur le niveau de dépenses alimentaires (le pourcentage de bénéficiaires du PAM étant plus important à Bindizi qu'à Um Dukhun, et nul dans la région nord de Geneina), illustre que les familles ont du augmenter significativement leurs dépenses en denrées alimentaires ; s'il illustre aussi qu'elles ont eu la capacité de le faire – et donc avaient recouvré certaines capacités de résilience, ce constat est, ici encore, à nuancer : d'une part, parce que les chiffres évoqués ci-dessus sont des moyennes, d'autre part parce que l'augmentation du niveau des dépenses alimentaires ne suffit pas à démontrer que l'augmentation des dépenses n'aurait pas eu d'impact sur la consommation alimentaire. Au contraire, les personnes interviewées font état de conséquences claires et sévères sur le régime de leur foyer :

Graphique13

On le voit, malgré les améliorations réelles et tangibles que le soutien à la production agricole a permises, l'aide extérieure demeure hautement pertinente, même si elle doit prendre des formes nouvelles, répondant non plus au seul risque d'insécurité alimentaire immédiate – qui concerne désormais un nombre plus limité de ménages, mais surtout au besoin d'une meilleure structuration des filières et d'une capacité accrue des marchés locaux à la fois à répondre aux besoins alimentaires des ménages et à soutenir leurs productions.

Axes d'intervention requis

Au regard dés différents éléments évoqués ci-dessus, une approche pertinente consisterait à :

1Données issues de l'enquête pré-récoltes de TGH, novembre 2012.